La Défense Sicilienne indique dès le premier
coup Noir que la partie prendra une forme non-symétrique : les
forces des deux camps se disposeront de manière bien distincte.
Il s'ensuit souvent un déséquilibre dans la position, lequel
favorise les parties décisives au détriment des nulles :
cette défense est donc indiquée pour ceux qui recherchent
la victoire, quitte à prendre le risque de subir une rude attaque
des Blancs.
Mais, bien que visant à déstabiliser d'entrée le
camp des Blancs, la Défense Sicilienne n'est pas une ouverture
qui se contente de poser des pièges tactiques sans profondeur stratégique
: elle trouve sa justification dans le plan à long terme de la
partie, et on peut la traiter de façons fort différentes,
que l'on manie l'un ou l'autre camp. Cela explique l'emploi de cette défense
à tous les niveaux, du simple amateur aux plus grands champions.
L'avancée c7-c5 a pour but premier de venir contester la case d4
aux Blancs : elle propose l'échange d'un Pion latéral (
c7 ) contre un Pion central ( d4 ), de valeur supérieure. De plus,
après cet échange éventuel, les Noirs disposeront
de la colonne c pour une de leurs Tours, ce qui peut s'avérer primordial
si les Blancs font le grand roque. Mais ce coup laisse aussi un peu de
souplesse dans le choix de la disposition des Pions centraux d7 et e7
: suivant le déroulement des événements, ils pourront
venir se placer en d6 ou d5, en e6 ou e5. Il facilite l'installation du
Cavalier b8 en c6, qui ne bloque ainsi plus de Pion. Enfin, il ouvre une
fenêtre pour la Dame, qui peut venir en c7, b6 ou a5 faire du jeu
sur l'aile Dame, sans toucher aux abords du Roi, qui n'est pas encore
affaibli ( vertus que ne possède pas la Défense Hollandaise
1. d4 f5, le pendant de la Sicilienne pour l'ouverture 1.d4 ).
Ces avantages ne doivent pas faire oublier que la Défense Sicilienne
ne permet pas de développement immédiat des Fous : il faudra
assez vite prendre le temps d'avancer d'autres Pions pour autoriser leur
passage. Ce premier coup indique aussi que les Noirs, en ouvrant l'aile
Dame, n'ont pas l'intention de faire le grand roque ( les parages du Roi
seraient trop affaiblis ) ; les Blancs peuvent alors commencer à
pointer leurs attaques vers l'aile Roi, en conservant, eux, la possibilité
des deux roques ( et donc une plus grande souplesse dans leur stratégie
défensive ).
Face à cette réponse Noire, les Blancs peuvent adopter deux
attitudes : prendre au sérieux l'attaque de d4 et attendre avant
d'avancer le Pion d2 jusque là, ou bien ouvrir le jeu pour faire
sortir très vite leurs pièces ( notamment les deux Fous
) et attaquer le Roi.
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- 1. e4 c5 2. b4, le Gambit de l'aile, mesure
radicale pour reprendre le contrôle de d4 et obtenir un fort centre
de Pions ( idée 2.
cxb4 3. d4 ) ; l'aile Dame est affaiblie,
et il n'est pas sûr que le doublon d4-e4 vale le Pion offert.
- 1. e4 c5 2. c3, la Variante Alapine projette
de consolider la fameuse case d4 avant tout autre chose. Cette variante
est critiquée pour sa lenteur et son manque de flexibilité,
pourtant elle est parfaitement logique, conservant les Pions centraux
des Blancs.
- 1.e4 c5 2. b3, la Variante Spassky, peu jouée,
rejoint le début Larsen ( 1. b3 ). C'est une ouverture qui est
très souple, les Blancs se réservant le choix dans la
disposition des Pions c et d. Après l'installation du Fou en
b2, les Noirs peuvent difficilement interposer le Pion e5, qui laisserait
un " trou " en d5. Un peu lente, cette variante est propice
aux improvisations des deux côtés.
- 1. e4 c5 2. f4 ( ou 2. Cc3, 3. f4 ), l'Attaque
Grand Prix, promet un jeu varié, les Blancs étant prêts
à fragiliser les alentours de leur Roi pour contrôler la
case e5 ou lancer une attaque de Pion ( f4-f5 ) sur l'éventuel
petit roque des Noirs.
- 1. e4 c5 2. Cc3, 3. g3, 4. Fg2, 5. d3, la Sicilienne fermée,
évite toute ouverture à l'aile Dame et donne aux Blancs
le contrôle des cases blanches, alors que les Noirs joueront plutôt
sur cases noires.
- 1. e4 c5 2. d4 cxd4 3. c3, le Gambit Morra,
après 3.
dxc3 4. Cxc3, donne aux Blancs une belle avance
de développement qu'ils peuvent exploiter par une attaque rapide
sur le camp Noir. Toutefois, 3.
d3, rendant le Pion de plus mais
laissant les Blancs avec un Pion peu utile en c3, est une sérieuse
option pour les Noirs.
- 1. e4 c5 2. Cf3 est le coup principal :
- 2.
a6, la variante O'Kelly, peu
jouée, qui contrôle la case b5 pour permettre l'avancée
du Pion b7 et empêcher la venue d'un Cavalier adverse sur
cette case.
- 2.
Cf6, la variante Nimzowitch,
incite les Blancs à avancer leur Pion e4, pour mieux l'attaquer
ensuite ; cette idée rejoint celle de la défense Alekhine
( 1. e4 Cf6 ).
- 2.
Cc6 3. Fb5, l'Attaque Rossolimo,
envisage de détériorer la structure des Pions Noirs,
pour les attaquer ensuite, tout en construisant un fort centre de
Pions. Cependant, les Blancs se privent très tôt d'une
pièce dont on pourrait attendre de belles choses ( le Fou
de cases blanches ).
- 2.
Cc6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 g6 5. c4,
la Formation ( ou " Etau " ) de Maroczy, est un système
solide, dont l'ambition est de contrôler fermement la case
d5, jugée plus importante que la case d4 qui est affaiblie.
- 2.
Cc6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 Cf6 5. Cc3
5. ... e5, la variante Svechnikov, promet
aux Noirs un jeu à la fois solide et actif. Que le Cavalier
d4 fuie en b3 ou a3 ( par b5 ), sa mauvaise position compense les
ennuis des Noirs liés au Pion arriéré d6.
5.
d6 6. Fc4, l'Attaque Sozine, développe le Fou f1
sur une case d'attaque vers le roque, tout en consolidant la case
d5 et en permettant le petit roque.
5.
d6 6. Fg5, l'attaque Rauser,
choisit le développement du second Fou, et prépare
donc plutôt le grand roque. Ce coup menace en outre d'abîmer
les Pions Noirs après l'échange en f6, et laisse au
Fou f1 plusieurs options de développement.
- 2.
d6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 Cf6 5. Cc3 ...
5. ... g6, la variante du Dragon, place
le Fou sur la grande diagonale d'où il exerce une forte pression.
Dans cette variante, la lutte des roques opposés est particulièrement
sensible : les Noirs, grâce à leur Fou, visent le repaire
du Roi Blanc, mais par l'avance du Pion g6, ils offrent une cible
à l'attaque de Pion h2-h4-h5 ouvrant des lignes sur le Roi
Noir.
5.
e6, la variante de Scheveningue,
est plus solide. Toutefois, les Noirs éprouvent quelque peine
à sortir leurs Fous ( tous deux bloqués ).
5.
a6, la variante Najdorf, bénéficie
d'une grande souplesse. En contrôlant la case b5, les Noirs
reprennent les idées de la variante O'Kelly : veto sur la
venue d'une pièce blanche et expansion possible à
l'aile Dame.
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